Thylis Rosferdan, ou une demi-Berserk

Note : Le dessin n'est pas de moi, et, si j'ai tout compris, il a été réalisé par ClockWork (Tumblr)

Dans les régions du Nord d'Eldarya, là où la neige persiste même en été, c'est un jour de blizzard que Thylis naquit. Elle hérita de la blancheur du givre qui vint se déposer sur ses cheveux et du brun de l'écorce des arbres qui colora ses iris. Sa peau, malgré le froid, devint halée.
Elle était issue d'un clan Berserk : le clan Rosferdan, assigné à l'animal du loup.
Mais Thylis n'avaient rien d'eux. Elle, possédait une taille relativement petite comparé à ses compagnons et sa force était celle d'un escargot par rapport à la leur.

Son enfance se déroula dans les pratiques de son clan. La chasse lui était familière, manier des armes courtes n'avait rien de difficile pour elle. La jeune fille était habituée à marcher des jours dans un désert de glace, avec pour seule protection des peaux d'animaux contre le froid mordant.

Lorsqu'elle arriva à son adolescence, aux alentours des quinze ans, Thylis se sentit de moins en moins utile, à cause de ses différences. Alors que les adolescents les plus doués passaient déjà leur initiation et le rituel, elle n'arrivait même pas à mettre à terre un enfant -et plus grand qu'elle du haut de ses dix ans. Elle savait qu'un faery normal n'aurait pas fait le poids contre elle, mais par rapport à son clan, elle n'était qu'un poids mort. La jeune fille se sentait coupable, quand bien même on la rassurait et on la traitait comme tout autre Berserk.

Sa solitude ne fit malheureusement que grandir le jour où elle apprit qu'elle n'était Berserk qu'à moitié. Sa mère avait aimé un humain. Son père, qu'elle n'avait jamais vu, était un simple humain. Et de leur liaison elle était née. Thylis se renferma. Elle ne riait plus, elle ne parlait plus.
En revanche, et d'une manière assez contradictoire, elle s'attacha de toute son âme à son clan, et en particulier à un garçon, Wedret.
En sa présence elle se sentait plus à l'aise. En sa présence elle réussissait à dire ce qu'elle n'arrivait pas à avouer à sa mère. Elle arrivait à alléger le poids qui pesait se ses épaules.
Ce fut lui qui réussit à la convaincre de son utilité. Il lui montra le bon côté de sa moitié humaine : sa capacité de réflexion, comparée à eux, qui fonçaient dans le tas.

La jeune fille reprit peu à peu confiance en elle. Thylis continua de chasser et de s'entraîner, sans jamais se risquer à passer l'initiation. Elle fit peu à peu profit de ses différences. Sa petite taille lui conférait une vitesse accrue et, contrairement aux autres membres de son clan, réfléchissait avant d'attaquer : il s'agissait là de la seule manière dont elle pouvait espérer prendre le dessus en combat contre un de ses compagnons.

Les années s'écoulèrent encore. Thylis devint une jeune femme, bien à sa place dans le clan Rosferdan. Elle vivait comme les autres ou presque, et avait par s'accommoder de ces particularités qui faisaient sa fierté.

Un jour fit de nouveau sombrer Thylis. Du haut de ses dix-neuf ans, elle assista au massacre de sa famille, si tant est qu'on puisse le dire ainsi. Les clans Berserks sont composés d'éléments extrêmement forts et savent qu'ensemble, ils sont pratiquement invincibles. Mais, chose étrange, de nombreux clans s'étaient dissipés. Et ce depuis quelques mois. Certains de son clan s'étaient penchés sur le problème : soit ils n'étaient jamais revenus, soit ils n'avaient trouvé aucune information. Les clans Berserks communiquaient entre eux, mais aucun n'avait réussi à percer le mystère.
Ce jour d'hiver, jour de son anniversaire, le sang souilla la pureté de la neige. Les cristaux immaculés furent changés en pierres écarlates. Malgré la puissance des Berserks du clan Rosferdan, ceux de la Garde d'Eel, soutenus pas d'autres guerriers, l'étaient bien plus. On les attaquait. La Garde elle-même cherchait à les exterminer. De plus, ils avaient eu l'avantage de la surprise : jamais personne ne s'était attendu à être attaqué dans le village même. Devant les combats, Thylis n'eu d'autre choix que de s'enfuir : qu'aurait-elle bien pu faire face à des personnes aussi musclées que ses compagnons et entrainées comme jamais ?
Sur les conseils de ses camarades, elle courut de sa cacher. Dans sa course effrénée pour échapper aux ennemis, un éclat d'épée lui trancha le visage.
La jeune femme s'en voulut de ne pas être restée. Mais à l'abri du carnage, elle ne pouvait plus bouger. Son instinct de survie et sa peur, héritée de sa moitié humaine, la figeaient sur place.
Thylis ne sut combien de temps elle resta dissimulée dans la grotte où elle s'était réfugiée. Les secondes se muaient en heures et le heures paraissaient être des jours.
La demi-Berserk était terrorisée à l'idée d'être retrouvée. Elle ne voulut jamais l'avouer, mais elle cru mourir à plusieurs reprises.
Lorsque Thylis se décida enfin à sortir de sa cachette, le soleil déclinait. Il était rouge, aussi flamboyant que la neige. Longtemps, elle contempla les cadavres au sol, tantôt ceux des gardes, tantôt ceux des siens.
Elle poussa un dernier hurlement de désespoir qui, selon divers rumeurs, aurait retentit dans toutes les plaines du Nord lorsqu'elle avait trouvé le corps inerte de Wedret.

Thylis décida de quitter les régions gelées dans lesquelles elle avait vécu. Fut alors de début d'un long périple. De village en village, de ville en ville, de région en région, se dirigeant toujours vers le Sud et masquant de son mieux son affliation au clan Rosferdan.

Au cours de son trajet, elle récolta des informations : des clans Berserks avaient été dissipés pour éviter toute rébellion ou menace de leur part : ils avaient été en contact avec des ennemis d'Eel. La Garde n'avait pas cherché à comprendre quoi que ce soit : elle avait prit la décision la plus simple et efficace.
La jeune femme sentit naître en elle une haine envers la Garde d'Eel. Si seulement elle avait su que ce n'étaient que des fausses informations, Thylis aurait cherché le véritable coupable. Elle ne douta point des paroles de ses informateurs, c'est ce qui l'infusion en erreur.

Ce fut lors d'une escale à un petit village, trois ans après avoir perdu son clan, que Thylis devint ce qu'elle est aujourd'hui. La jeune femme était alors accoudée au comptoir d'une taverne, ressassant les évènements qui l'avaient obligée à s'enfuir, lorsqu'une bagarre éclata dans un coin du bar, attirant l'attention de tous. Celle aux cheveux décolorés hésita à les séparer. Elle avait besoin d'action, à vrai dire, et se charger d'écarter deux hommes lui aurait permis de se défouler un peu.
Alors qu'elle allait se lever, une main la retint. Sans qu'elle ne puisse rien faire, on l'entraina dans un coin à part, loin de l'agitation. Un homme, vêtu de noir, la perça à jour : il savait ce qu'il s'était passé, le jour où le clan Rosferdan avait été éradiqué. Affolée d'être découverte, Thylis tenta de dégainer son arme, alors un petit poignard. Avant qu'elle n'ai pu commettre l'irréparable, l'inconnu lui proposa de rejoindre des personnes qui, comme elle, haïssaient la Garde d'Eel.

C'est ainsi que la jeune femme intégra les rangs des Mercenaires, perfectionnant le maniement de son épée favorite. Thylis fut alors surprise de constater qu'elle possédait une force bien supérieure à celle des faery normaux. Pour elle qui avait toujours été plus faible que les autres de son clan, c'était la première fois qu'elle pouvait être qualifiée de compétente. En revanche, la jeune femme fut dépassée par les capacités de mémoire de certains, ainsi que leur vitesse.
Elle se fit forger une imposante épée, enchantée par des mages renommés, qui devint son compagnon le plus loyal : Ionna.

Thylis se sentit à sa véritable place, à lutter contre le pouvoir de la Garde et sans avoir besoin de cacher son identité.