In Noctem

« Qu'est-ce qui ne va pas mon grand ? »

Une voix douce était sortie de la lumière intense et pure qui l'entourait. Elle était familière. D'où venait-elle? Qui était-ce? Pourquoi avait-il ce sentiment de sérénités?

« J'y arriverais jamais. Je suis faible, bien plus que ne l'était Rägm même à mon âge. Comment pourrais-je devenir un gardien de l'Étincelante, si je reste aussi faible. Je vois bien que Père espère seulement que je reprenne son atelier...»

La voix juvénile d'un garçon était sortie de nulle part aussi. D'autre part. Une voix toute aussi familière mais d'une façon différente. Mais pourquoi? Où se trouvait-il? Que se passait-il?  
Puis un rire. Pas un rire à gorge déployée, mais petit ricanement, féminin et doux. Maternel.

« Mais qu'est-ce que tu racontes? Tu n'es pas faible! Tu as un cœur fort, tu protèges les tiens, et ça, c'est la vraie force. Tu n'as peut-être pas la force d'un Alcopafel, mais tu as plus de cœur et de courage que le plus brave des gardiens. Ce que tu as fait pour elle, c'est ça l'esprit des gardes! »

Ces paroles. Il les avait déjà entendu. Il y a de cela des années. Cette voix... Ce moment... Mère?








Noctem ouvrit violemment les yeux. Non il n'avait pas bougé d'endroit, il était toujours dans cette chambre miteuse d'une taverne toute aussi miteuse du continent d'Eel. Il redressa son dos de ce qui lui devrait de lit: un simple sommier et un maigre matelas. Il regarda autour de lui, Vulpe son valuret, dormait toujours à ses pieds, et il faisait toujours nuit. C'était comme si le temps n'avait pas bougé, et pourtant le soleil n'allait pas tarder à se lever. Il fallait qu'il en fasse de même.


Il ne savait pas pourquoi un général l'avait convoqué en plein milieu d'une mission, mais toujours est-il qu'il avait reçu un crowmero messager du quartier général lui assignant de rester à l'auberge jusqu'à ce qu'un général se présente à lui. Comme d'habitude, et pour des soucis de discrétion, très peu d'informations étaient dévoilées. Mais pour qu'ils aient envoyés quelqu'un directement, c'est que les choses devenaient graves. Beaucoup de questions se bousculaient dans la tête de Noctem: que s'était-il donc passé? Est-ce qu'un morceau de cristal avait été retrouvé? Est-ce que les Faery fous avaient semés la terreur? Est-ce que les gardiens avaient-ils pris conscience de leur existence?
Il espérait que non.
Cela compromettrais énormément ses plans, sa petite vengeance personnelle.
Voilà trop longtemps que les gardiens asseyaient un pouvoir suprême sur Eldarya sans arrivé à gérer les problèmes externes et surtout leurs problèmes internes. Certainement beaucoup de Faery devait en pâtir de leur éternelle incompétence, sans jamais pouvoir se défendre contre des menaces qui devenaient de plus en plus réelles. Les armes étaient interdites aux citoyens moyens, seuls les gardiens et des milices improvisés des plus grands villages étaient autorisés à préserver l'ordre. Mais les milices étaient incompétentes et les villageois avaient commencé à engager des chasseurs de primes et d'autres mercenaires. C'était comme ça que la coalition était né et la multiplication des mercenaires leurs avaient offerts la couverture parfaites. Et ventait ainsi qu'ils avaient choisi le nom de la coalition: les mercenaires.


Du moins c'était ce qu'on lui avait raconté. Cela faisait 6 ans qu'il avait été recruté par ce qui était devenu son général, mais aussi son mentor et sa seule famille. Xenos. Un grand brun de plus de 2 mètres, à la stature imposante, presque aussi imposante que l'épée qu'il trimbalait sans cesse sur son dos. Si l'on se demandait pourquoi il n'était pas si effrayant, c'était grâce à sa nature enjouée et fêtarde, un bon vivant qui aimait jouir de la vie. En résumé, il était doté d'une cervelle de moineau. Mais malgré leurs personnalités diamétralement opposés, ils nouaient une véritables relations de confiance.


Mais il n'avait vraiment pas le sens de la ponctualité. Le général était censé arriver pendant la nuit et voilà que les premières lueurs du jour se faisaient apercevoir. Puis soudain, Noctem entendit un fracas. Quand on a autant de muscles, il était certainement trop dur de faire dans la dentelle. Il avait pratiquement arraché la porte en entrant mais au moins, il était là. Comme d'habitude, ils avaient envoyés Xenos. Ce n'était pas étonnant, il était celui que le jeune mercenaire écouterait le plus sans poser de question.


« Je ne t'attendais pas avant encore deux ou trois jours, Xenos, le railla
Noctem. »


Noctem étouffa un rire. Cela faisait plus d'un mois qu'il n'avait pu voir son mentor. Leurs missions respectives ne leur laissait que peu de temps pour parler ou s'entraîner ensembles, comme dans le bon vieux temps. Ce qui, cela dit, laissant un peu de vacances au foie du plus jeune qui depuis un an maintenant se faisait entraîner des les tavernes par l'autre fêtard.



« Ouais, répondit-il simplement. »


Puis l'ambiance s'assombrit. Noctem restait conscient qu'il ne s'agissait pas d'une simple visite de courtoisie, après tout, on lui avait envoyé un familier. Il était temps maintenant que le général lui révèle les raisons de cet entretien.


« Pour que tu te pointes aussi tôt, je suppose que ça doit être urgent... Que s'est-il
passé, Xenos? »


Xenos prit un air encore plus sombre. Presque agacé, en colère, mais pourtant d'un calme olympien.




Noctem ne put cacher sa surprise. Destal? Mort? Lui? Il était pourtant un des généraux les plus vieux et les plus expérimentés. Il avait été membre des mercenaires depuis pratiquement huit ans. Huit longues années à se battre et encore, c'était si l'on ne comptais pas les nombreuses années ultérieures qu'il avait passé à se battre pour sa survie dans les montagnes d'Heimdall. Il avait vécu une vie difficile et aussi longtemps que Noctem ne s'en souviennent, il l'avait toujours vu borgne avec les mains couvertes de cicatrices en tous genres. Il avait ce genre de regard qui juge les faibles. Il n'avait jamais aimé les faibles. Il avait toujours plus ou moins fait peur à Noctem. Inutile donc de dire que celui ou celle qui avait mis fin à ses jours était quelqu'un de très puissant. Mais malgré la puissance de cette personne, il était certainement très mal en point.


« Que s'est-il passé? Demanda Noctem calmement avec tout de même un
soupçon d'anxiété. »


« On est sûr de son identité? »



Un autre silence s'installa. C'était une situation préoccupante. Un inconnu, tueur d'un mercenaire puissant se baladait en liberté. Personne ne savait son identité, ni même le moindre indice qui pourrait les menés à lui. Noctem comprenait l'empressement de Xenos à venir le voir. Mais cela soulevait une nouvelle question. Le jeune mercenaire n'était pas idiot, il savait que les généraux n'avaient pas contacter tous les mercenaires, alors pourquoi lui? Et il se doutait que la raison n'était pas uniquement le fait que Xenos était attaché à son jeune protégé. Ils avaient besoin de lui... Sa discrétion et sa rapidité quasi-légendaire devait avoir attirer l'attention des généraux. Mais s'ils pensaient que Noctem pouvait tracer l'assassin de Destals, ils l'enverraient à une mort quasi certaine.


« Pourquoi tu es venu? Demanda-t-il suspicieux »  


« Qui ça «lui»? Continua-y-il de plus en plus sur ses gardes. »



Il commençait à prendre conscience qu'il ne connaissait finalement pas si bien que ça les mercenaires. Qu'est-ce qu'étaient que tous ces secrets, ces «lui», cet «homme en armure»? Qui était-il? Il n'avait jamais entendu parler d'une instance supérieure à celle des généraux. Mais maintenant qu'il y réfléchissait, ce surnom lui disait quelque chose. Légèrement. Peut-être un murmure qu'avait susurrer un gardien, un jour. Après un instant de réflection, Noctem se détendit enfin avant de rire doucement.


««L'homme masqué», «L'homme en armure», mais qu'est-ce que c'est que
cette mascarade?
Alors c'est ça qui te dirige? Un homme qui n'a même pas le cran de montrer son vrai
visage et qui se cache derrière une coalition pour arriver à ses fins? »



Cette remontrance avait agacé Noctem. Il se sentait trahi, Xenos pouvait bien comprendre ça, non? Il n'aimait pas se faire avoir de la sorte et commençait à remettre en cause sa confiance en Xenos. Il lui avait menti là-dessus, sur quoi d'autre lui avait-il menti? De plus, le fait de ne pas plus connaître l'identité de cet homme masqué ne lui inspirait aucune confiance. Pourquoi les autres généraux lui faisaient le suivait donc? Un homme aurait pu duper des idiots mais les généraux, aussi volages soient certains d'entre eux, n'étaient pas des idiots. Il ne comprenait pas, il n'arrivait pas à comprendre.




« Quand je le verrais? répéta le jeune mercenaire, surpris»


« Moi? demanda Noctem incrédule. »


« Akihiro était là? demanda-y-il sans soulever le trais d'humour de son mentor.»


« Je vois... »


Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas vu l'autre général. Akihiro était ce qui se rapprochait le plus d'un grand frère pour lui, mais malheureusement, ils n'avaient que très peu d'occasion de se voir. Mais il avait défendu la candidature du désormais nouveau général. Après presque un an sans nouvelle, cela surprenait Noctem.




Xenos posa le dossier sur le lit à côté de Noctem. Il avait dit ces derniers mots avec un sourire de fierté qui aiguisa la curiosité de Noctem. Ce dernier feuilleta les fiches de ses nouveaux compagnons de mission. Le premier qu'il vit fût un brownie chat du nom de Hassiri'dar, un voleur comme la plupart de ses semblables khajiits. Il n'avait pas un fort potentiel au combat mais pourrais s'avérer utile dans des situations délicates. La deuxième était une certaine Luna. C'était une pure inconnue pour Noctem, il ne lui semblait pas avoir jamais entendu parler d'elle. Une illusionniste. C'était intéressant. Et très utile dans les montagnes du Nord. Quand à la troisième...


« Junko? demanda Noctem interrogateur. »



En effet, il avait confiance en Junko. Après tout, il était plus ou moins son mentor et l'avait conseillé  pour son admission chez les mercenaires. Il sourit doucement en se demandant ce qu'elle était devenu. Certainement quelqu'un de fort, il avait toujours décelé chez elle un fort potentiel. Puis, il vit que Xenos bougeait et leva la tête vers lui.




Il se dirigea vers la porte avant de se retourner une fois arrivé sur le pallier. Il tourna le regard vers son ex-élève:

Les premiers rayons du soleil étaient désormais visibles et Noctem se préparait pour sa première mission en tant que général. Cette préparation était aussi bien physique que mentale. Il n'était pas habitué à donner des ordres. Il n'était pas habitué à avoir des compagnons de routes. Tous ces soucis étaient véritablement préoccupants. Comment mener à bien une mission si l’on n’arrive pas à gérer un groupe.
«Tu as les qualités nécessaires d'un meneur».
Cette phrase qu'avait prononcée Xenos retentissait en écho dans sa tête. Même si son général avait confiance en lui, il en était peu convaincu. Bien que souvent calme, réfléchit et stratège, il lui arrivait aussi d'être impulsif et vindicatif. Il allait devoir composer avec toutes les personnalités, faire en sorte que tous les mercenaires présents ne se tournent pas les uns contre les autres. C'était le genre de situation qu'il se saurait avoir du mal à gérer. Il préférait éviter les problèmes de ce genre. La solitude était plus douce. Si devenir général signifiait adopter la même personnalité que Xenos, il n'était pas fait pour ce travail. Il connaissait aussi les deux autres généraux. Akihiro charmait les recrues de son sourire doucereux. Recrues qui devenaient d'impunité ment plus dociles après ça. Mais sous ses airs de bellâtres courtois, se cachait un véritable démon parfois. Après tout, il n'aurait jamais rejoint les mercenaires sans cela. Quant à Dànaé, sa seule présence au sein des généraux expliquait une grande partie de son pouvoir de persuasion. Les mercenaires étaient loin d'être composés d'enfants de chœur et une femme parmi les généraux témoignait du grand respect qu'elle savait imposer. Au fond, elle était peut-être le général auquel Noctem ressemblait le plus. Le seul moyen qu'il aurait pour se faire respecter, ce serait en prouvant sa force. Un général de dix-neuf ans, il y en a que ça allait gêner. Mais il avait confiance en ses compétences de combat. Rien, aucun animal ou être ne l'avait encore battu depuis qu'il avait pris possession de Celeritate, une épée longue.


Noctem regarda en direction de son épée. Elle avait été sa meilleure alliée depuis presque trois ans maintenant. Elle lui avait évité bien des coups et ce grâce à la magie qu'elle renfermait. Enfin, ce n'était pas vraiment elle qui renfermait de la magie mais utilisait la magie de son détenteur pour permettre à celui-ci une rapidité qui s'apparentait à de la téléportation. Dès que Celeritate quittait la main de son propriétaire, elle y réapparaissait instantanément, ou bien elle téléportait son propriétaire à elle. C'était ainsi qu'il était donc impossible pour son détenteur de se retrouver désarmé. Bien sûr, Noctem détestant se retrouver esclave d'une magie dont il n'était pas entièrement propriétaire s'était entraîner à quelques techniques de déplacement rapide voir instantané. C'était d'ailleurs là-dessus qu'était basée ses techniques de combat. Il n'avait connaissance d'aucune forme de magie et n'avait pas une musculature très imposante. Mais il était rapide et fin stratège.


Il était temps de partir. Il enfila un manteau de cuir noir qu'il referma jusqu'à la base de son cou et referma la capuche sur ses cheveux absolument blancs. Il était obligé de porter cet artefact au vu de son apparence peu commune. Des cheveux blancs, des yeux bleus glaciaux. Il était presque dur de ne pas le remarquer. Là entrait en scène ce deuxième objet magique qui empêchait toute odeur ou sa simple présence d'être remarquée, ou si elle l'était, elle serait vite oubliée. C'était un objet très pratique que Xenos lui avait dégotté il y a cinq ans. Il lui serait sans doute toujours utile, toujours tant qu'il aurait ces yeux. Il tendit la main et l'épée vint s'y loger dans une flopée d'étincelles sombres, puis elle disparut sans apparaître nulle part ailleurs. Noctem se dirigea alors vers le lit, où une petite boule de poils siégeait.


« Nous partons Vulpe, dit doucement Noctem en caressant le sommet du crâne du valuret. »


La petite boule de poils s'étendit de tout son long avant de bailler et de lever la tête vers son maître. Il était encore tout ensommeillé et peinait à comprendre l'activation de Noctem. Mais quand il vit celui-ci partir de la chambre, il saura du lit et s'empressa de suivre la silhouette sombre dans les escaliers qui menait à la taverne, plus bas.





La missive que Xenos lui avait donné avec les dossier spécifiait bien un lieu de rendez-vous précis et pourtant totalement perdu dans les sylves sombres de Jharra. Jharra. Une forêt hostile dans laquelle les mercenaires avaient pris leur quartier. Un ancien temple ou monastère couvert par la végétation qui portait jadis le nom de Vorn Orgloloth. Jharra était une forêt hostile ou aucun citoyen, ni aucun gardien n'osaient mettre les pieds. Oh bien sûr elle n'était pas plus dangereuse que la forêt des ronces et on ne croisait que peu d'ennemis, mais les créatures et autres monstres étaient bien présents. La vigilance était toujours de mise, et ce, dans n'importe quelle zone sauvage des contrées d'Eldarya.


Mais sa vigilance à lui consistait à ne pas attirer l'attention. Ce pourquoi il n'emprunterait aucun chemin et passerait à travers champ, ou plutôt à travers la forêt. Il en avait l'habitude, l'habitude des bêtes sauvages, l'habitude de ses arbres qui cachait presque totalement les rayons du soleil, l'habitude de cette obscurité. Toutes ces raisons expliquaient la faible réputation de Jharra. Elle était quasiment considérée comme maudite. Mais pour les mercenaires, elle était à la fois un havre de paix et un défouloir pour les plus sanguins d'entre eux.


Il était arrivé au lieu-dit. C'était une petite clairière, chose rare dans une forêt si dense, en plein milieu des sylves. Un petit bout d'herbe verte et de grands rochers, le genre d'endroit que l'on ne trouvait que dans les livres, à la fois sombre et merveilleux.




Le général tourna vivement la tête et aperçu une silhouette humaine se dessiner dans ce tableau idyllique. Un des mercenaires était déjà arrivé. La silhouette s'approcha et Noctem pu reconnaître Luna, une femme aux cheveux roux et aux yeux fauves. Son visage était balafré de runes sur son côté droit. Une femme très étrange. Une mercenaire dans toute sa splendeur.




Sa voix était quelque peu moqueuse. Tellement de condescendance dans une seule phrase, cela frisait le manque de professionnalisme. Beaucoup de mercenaires préféreraient travailler en solitaire et elle ne devait pas faire exception. Il n'était pas là pour déclencher des conflits internes et il pouvait comprendre le manque de confiance et de respect qu'il pouvait inspirer à certains mercenaires. Du moins, pour l'instant.


« «Noctem» sera amplement suffisant pour toi... Souffla-t-il. »


Quand il eut fini ses mots, ils tournèrent tous les deux la tête à l'entente de bruit de pas. Même avant d'apercevoir son visage, Noctem savait qui se dissimulait encore dans l'ombre. Cette démarche, ce pas léger, il s'agissait sans nul doute de Junko. Et quand il aperçut le visage de la jeune femme, il en eut le cœur net. Elle avait changé depuis les quelques années où il l'avait recrutée. Elle était plus grande, ses cheveux avaient poussé (elle les avait d'ailleurs noués en deux couettes hautes) et ses accoutrements s'étaient... Marginalisés? Une jupette minuscule et un décolleté qui laissait entrevoir ses sous-vêtements. C'était à se demander si elle n'avait jamais pensé au fait que d'anciens criminels se réfugiaient parmi les mercenaires. Mais elle semblait pourtant plus forte que jamais.


Quand elle s'assit sur un des rochers, Noctem esquissa un sourire. Elle était sa meilleure nouvelle de la journée. Il savait qu'il pourrait compter sur elle pour cette mission. Leurs techniques de combat se mariaient à la perfection. Il le savait. Après tout, c'est lui qui avait conseillé la jeune femme à Xenos. Et il allait bientôt découvrir combien elle avait progressé depuis leur dernière entrevue. Junko le salua jovialement mais ne prêta aucune attention à Luna. Elle devait se sentir  aussi contrainte que lui dans cette mission de groupe. Chacun d'eux se sentait plus libre en solitaire et pourtant, il faudrait tous qu'ils acceptent la présence de chacun des membres de l'équipe.


Puis une troisième personne arriva dans la clairière. Les trois équipiers regardèrent en direction des bruits de pas et d'halètement. Puis apparu à leurs yeux un homme chat à la peau brune et à la chevelure extravagante. Il était totalement essoufflé et c'était courbé en deux, les mains pose sur les genoux, pour reprendre son souffle.




Ils étaient tous là à observer le brownie chat sans que personne ne réplique à cette phrase. C'est une blague? pensa Noctem. En plus d'un comportement des plus inapproprié, ce Hassiri'dar ne semblait avoir aucune endurance. Il n'avait pas dû marcher très longtemps pourtant. Remarque il valait déjà mieux ça qu'un élément en retard. En il avait au moins eut le courage de venir. En fait, tout le monde était venu. Personne n'avait eu la mauvaise idée de déserter au dernier moment. C'était plutôt un point positif.


Notant l'arrivé de tous ces équipiers, Noctem décida qu'il était temps pour eux de commencer la mission. Ils n'avaient pas de temps à perdre, d'autant plus si les gardiens commençaient à s'en mêler. Il s'avança dans le cercle que formaient les quatre mercenaires:


« Maintenant que tout le monde est arrivez mission va pouvoir débuter, commença le général. Je suis Noctem, et je serais le général qui vous accompagnera pendant cette quête. J'attends de vous le plus grand professionnalisme. »


Il avait préféré commencer sur un ordre simple, permettant ainsi à tous ces compagnons d'être au courant des mêmes choses. Après tout, il ne savait absolument pas si Luna, Hassiri'dar ou Junko avait reçu l'ordre de mission. Ou pire, il ne savait pas qui l'avait lu. Après tout, lui-même n'était au courant de sa montée en grade que depuis quelques heures, pourtant c'était un événement qui le concernait directement.


« Notre mission sera de récupérer un morceau de cristal qui a été localisé dans les Montagnes du Nord. Cependant, des mouvements ont été repérés chez la garde d'Eel. Il se peut donc des ennuis en cours de route. Le voyage sera long, alors soyez prêts. Ce ne sera pas une promenade de santé, mais il faudra tout de même préserver nos forces et éviter de nous surmener. Au plus vite, nous devrons y arriver dans une douzaine de jours. »


Il observa chacun des mercenaires et remarque que chacun avait des réactions très différentes. Junko semblait songeuse sur le voyage. Il ne pouvait pas lui en vouloir. Lui non plus n'était pas très enjoué à l'idée d'aller en terre sauvage aller récupérer un morceau de cristal avec tout ce beau monde pendant douze jours. Hassiri'dar était déjà au bord de la dépression devant la marche qui les attendait. Noctem prendre en compte les aptitudes du brownie. Il devait veiller à ne pas aller trop vite s'il voulait que le chat puisse les suivre. Même s'il n'attachait pas une grande importance à leurs vies, le but n'était d'être éliminé les uns après les autres. Il n'avait pas placé beaucoup d'espoirs en ce Hassiri'dar, mais si Xenos l'avait mis dans son équipe, alors c'est qu'il n'était pas pleutre. Et peut-être se montrerait-il utile pendant le voyage. Quant à la dernière, la fameuse Luna, elle était plongée dans ses songes, l'air un peu sombre. Ce n'est pas tellement le voyage qui semblait l'inquiéter mais la destination. Peut-être connaissait-elle ces crêtés septentrionales?


Alors que Noctem s'apprêtait à donner ces ordres, la mystérieuse fille dit part de son avis:

« Une douzaine de jours de cheminement? Très bien. Il faudra néanmoins prendre garde l'une de ses gorges dans les massifs. Elle est fallacieuse et nous n'avons pas autant de sol robuste sous les pieds que nous l'envisageons. Je me suis souvent demandé s'il n'y avait pas des illusionnistes qui traînaient par là. »


Alors Noctem ne s'était pas trompée. Elle connaissait mêmes vague lents ces piques glaciaux qui trônaient aux Nord des contrées septentrionales.


« Dans ce cas, nous aurons besoin de tes compétences, je crois, lui répondit Noctem. L'éviter pourrait nous prendre des jours, nous ne pourrons pas nous le permettre. Nous aurons quelques auberges sur le chemin, nous ferons en sorte de nous y arrêter le plus souvent possible pour prendre les force nécessaire à l'escalade de ces monts. Mais il n'y a plus de temps à perdre. Partons. »


Chacun prit ses affaires avant de se diriger vers le Nord. Jharra allait leur réserver quelques surprise. Il n'était pas devin et pourtant Noctem en était sûr. Ce voyage allait être un long périple...

Voilà près d'une demi-heure qu’ils marchaient, serpentant entre les racines des arbres massifs. A la grande satisfaction de Noctem, et de peut-être d'autres recrues, personne ne s'était encore plaint de courbatures, de fatigue ou d'un caillou dans sa chaussure. Il avait pris la tête de la troupe, étant à la charge du groupe, tandis que le reste de la troupe marchait à une distance variable de lui. Il entendit des pas s'accélérer puis Junko se tenir à la même hauteur que lui.



Il répondit un faible merci. Il n'avait pas l'habitude d'être le centre de l'attention. La majorité du temps, personne ne lui adressait un mot et il ne déniait en adresser un. En fait, il ne parlait que lorsqu'il y était obligé. Non pas qu'il ne soit pas doué en diplomatie, il était assez rusé pour manipuler les mots avec exactitude pour obtenir un effet escompté. Mais il n'aimait tout simplement pas gaspiller sa salive en civilité inutile. Cela lui avait forgé un bouclier. Pour autant, il appréciait beaucoup Junko. Même si leur rencontre avait été explosive, ils avaient développés un lien lorsqu'ils étaient tous les deux en formation. Noctem en avait encore le souvenir...






Il y a deux ans, alors que le jeune n'était alors âgé que de 17 ans, Xenos avait commencer à lui donné des missions solitaire. Ce n'était rien de très compliqué ou dangereux, mais surveiller les va et vient du quartier général des gardes d'Eel était d'une importance primordiale. Les premières sorties en solitaire avaient été pour l'adolescent un vrai bonheur. Il était enfin libre, sans chaperon, et reconnu en tant que mercenaire à part entière. Et ce, même si sa première mission s'avérait d'un ennui mortel.
«Surveiller les gardes»
Cela signifiait simplement de stationner devant la Grande Porte et de surveiller les allées et venue ou se poster dans une taverne pour entendre les dernières missives que quelques gardiens un peu trop éméchés se permettaient d'énoncer à voix haute. Et ce genre d'événements n'était Aussi rares qu'on pouvait le penser.


Pour Noctem, la deuxième solution était la meilleure option. Premièrement, parce que c'était la seule manière que Xenos avait pris le temps de lui enseigner et deuxièmement, parce qu'il n'arrivait pas à s'approcher plus près du refuge d'Eel, construit il y a pratiquement 10 ans. Il avait une bonne raison, pour cela. Mais voilà cinq jours maintenant qu'il y siégeait, tous les jours, et qu'aucun événement ne concernant les gardes ou les mercenaires n'avait eut lieu. C'était irritant, mais la relève viendrait le lendemain. Encore un jour à boire des boissons insipides qui ruinerait certainement son foie ou, au moins, son estomac.


Mais quand la soirée vint, il décida de partir pour de bon, rien ne viendrait ce soir. L'air au dehors était frais, ce qui apaisait la chaleur de l'après-midi. C'était agréable de sortir de bonne heure de cet endroit confiner, au moins pourrait-il rentrer à Vorn Orgoloth avant deux jours. Il s'enfonça dans la forêt Celimor, accompagné de Vulpe, qui l'avait suivi dans sa première mission. Celimor était une forêt bien plus calme que Jharra. Du moins, lorsque l'on ne s'approchait pas trop près de la forêt des ronces. Les grands arbres de Celimor étaient dotés de belles couleurs chatoyantes et enchanteresses et de racines qui dessinaient de magnifiques arabesques au sol. Néanmoins, toute cette beauté avait déjà perdu moult Faery. Certains d'entre eux, ceux qui étaient revenus, avaient même parler d'un lac illuminé par la lueur de la lune, qui lui donnait chaque soir une dimension mystique. On l'avait surnommé le Lac Crépusculaire, même si son existence n'avait jamais été vérifiée. Noctem ne l'avait jamais vu. Il ne s'était d'ailleurs jamais perdu dans cette forêt, même dans les profondeurs les plus sombres de la forêt. Mais la nuit était traitre et il lui faudrait surveiller ses pas.


Il faisait nuit depuis déjà deux heures environ, il avait dû parcourir quatre kilomètres depuis son départ de la taverne. Il n'avançait pas particulièrement vite, préférant rester vigilant devant le labyrinthe dans lequel il était entré. Mais soudain, il sentit un frisions de long de l'échine et tous ses sens se mirent en éveilles. Il avait senti une présence. Certainement un bruit très faible que ses oreilles avaient détecté. Le bruit se rapprochait, ça se rapprochait. Il était trop tard pour se cacher. Noctem se mît en garde, sans sortir aucune arme. Peut-être était-ce un autre mercenaire, ou un animal ? Peut-être était-ce un gardien ? Son cœur s'accéléra.
Il se rapproche.
Il arrive.
Puis, sortie de nulle part, une femme vêtue de noir apparue déchirant la végétation qui bloquait son passage. Elle s'était arrêtée sans jeter un seul regard sur la silhouette du jeune homme. Elle avait de long cheveux blonds qui semblaient se poser lentement dans son dos et ses yeux bleus rayonnaient dans la nuit. Sa pause n'avait duré qu'une fraction de seconde avant de repartir en un éclair et façon si furtive qu'il était difficile de repérer la direction dans laquelle elle s'en était allé.
Elle fuyait quelque chose.
En effet, d'autres bruits s'entendaient faiblement. Plusieurs pas, plusieurs personnes. Noctem dirait deux, ou peut-être trois s'il s'agissait d'assassins entraînés. Cette fois, il ne pouvait rester dans les parages, et alla se cacher derrière la végétation, laissant la petite plateforme composée d'herbe verte. Les assassins s'arrêtèrent à cet endroit, remarquant la trace de pied qu'avait laissé au préalable la jeune femme. Il était trois, tous habillés de vêtements noir qui couvrait la totalité de leur corps. Seules leurs yeux était découverts.




« Shino! Essaye de repérer par où elle est partie! ordonna un second en se retournant. »


Le deuxième s'était tourné dans la direction de Noctem et avait laissé la lune se refléter sur la petite broche qu'il portait sur sa poitrine, du côté gauche. Il était impossible de ne pas remarqué l'éclat violet de l'améthyste si spécifique à la garde de l'ombre. Noctem s'enfonça encore plus derrière les feuilles et les branchages. Il ne pouvait pas les laisser partir vivants. Et pourtant il était en infériorité technique et numérique. Les gardiens de l'ombre étaient des professionnels dans l'art de la dissimulation, de la fuite et de l'assassinat éclair, comment pourrait-il en battre trois d'un coup ? Le fameux Shino, troisième des gardiens de l'ombre, rejoignit ses mains, baissa la tête et ferma les yeux. Une aura bleue terne l'encercla laissant témoigner d'une technique magique génétique : tous les Faery n'avaient pas accès à toutes les formes de magie. Puis quelques secondes plus tard l'aura s'estompa jusqu'à disparaître complètement et le magicien releva la tête en rouvrant les yeux. Il s'approcha de ses deux compagnons et dit des choses inaudibles de l'endroit où se trouvait Noctem.


Que se passe-t-il?
Avaient-ils repérés la localisation de la jeune femme?


Il ne pouvait pas laisser trois gardiens s'en prendre à une jeune femme ou à n'importe quel Faery d'ailleurs. Il les suivrait, et s'il en avait l'occasion, il les tuerait. Il n'avait pas été aussi déterminé depuis des années. Pour la première fois, il allait peut-être enfin entamer sa vengeance. Il attrapa la poignée de son épée attachée dans son dos, sans la dégainer. Il sentait l'adrénaline parcourir son corps, des bras, ses jambes. Il sentait son pouls battre dans son poignet. Il était près.




Noctem se gela sur place. Cette interjection l'avait totalement pris au dépourvu et il ne savait plus quoi faire.
Merde! jura-t-il intérieurement. Comment m'ont-ils vu? Je n'ai pourtant fais aucun bruit!
C'était vrai. Il en était convaincu. Alors comment? Et alors une idée lui apparue : et si le troisième pouvait localiser le manaa? C'était ça. Tout Faery possédait du manaa, tout être magique, en fait. En voulant localiser la fille, il l'avait localisé par la même occasion. Fais chier. Dans quelle merde s'était-il encore retrouvé.




Il avait à peine vu de geste que le gardien avait effectué avec son bras, mais ce qu'il remarqua à la dernière seconde, fut le couteau de jet arriver près de sa tête. Il l'évita de justesse en bondissant sur le côté, se laissant ainsi à la vue de ses opposants. Il atterrit sur ses jambes, accroupit, avec sa main gauche au sol. Puis se leva doucement. Il sentait son cœur sortir de sa poitrine à chaque battement. Il avait peur, il était perdu, ne savait pas quoi faire mais ne le montrait pas.


« Ce n'est qu'un gamin? dit le second. »




« Teh, ricana Orio, regarde-le! Il est tellement effrayé qu'il ne tient même pas sur ses jambes !»


En guise de réponse, Noctem sortit vivement son épée et se mis en position de combat : de côté, le bras droit derrière lui qui tenait son épée et le bras droit devant pour maintenir l'équilibre. Son dos était légèrement voûté et ses genoux légèrement fléchis. En effet, il se sentait tremblant et son cœur battait à la chamade. Tout son corps était en phase d'alarme mais il essayait de ne pas y penser. Le moins il y penserait et mieux il réagirait à la situation. Il avait perdu l'élément de surprise, il n'avait que peu de chance de les battre. Que faire?


« Oh! Mais c'est que le chaton à des griffes! rajouta le provocateur. S'il cède si facilement
à l'émotion, on ne va en faire qu'une bouchée. »


Il s'était mis en position de combat et fût imiter par Shino sous le regard du premier assassin qui semblait être leur capitaine. Noctem était à bout de nerf et, sans savoir ce qu'il s'apprêtait à faire, avait foncé sur les trois gardiens de l'ombre. Ce n'était pas un acte de bravoure mais plus de témérité. Il avait agi sous l'impulsion, sous la pression. Il n'avait que le combat ou la fuite et, alors que sa tête était embrumée, son corps avait choisi de lui-même.


Orio, sa première cible avait fait un grand bond en arrière, tout comme ses deux autres compagnons, et avait profité de l'élan incontrôlable du mercenaire pour répliquer avec un jet de deux petits couteaux que Noctem rabaissa au sol d'un coup d'épée. Il ne pouvait plus s'arrêter de bouger, il ne pensait pas, c'était comme si son corps commandait de lui-même. Il tenta de nouveaux une attaque frontale, mais le gardien, qui ne se servait pratiquement que d'armes de jets, ne pouvait se contenta de d'esquiver l'assaut. Il ne pourrait se contenter de lancer de armes de jet indéfiniment, et Noctem se lit à penser qu'il trouerait peut-être sa faille à l'usure.
Concentre-toi!
Il devait pousser le dit Orio dans ses retranchements. Il battait son épée de long en large, plutôt stratégiquement, en direction de son opposant, sans pour autant arriver à l'atteindre. Jusqu'à ce que l'assassin ne sorte un saï et ne pare l'épée qui était en train de s'abattre sur lui. Ils restèrent bloqués ainsi quelques secondes et, tandis que Noctem commençait à jubiler, il vit que le regard d'Orio s'était empli de colère. Ils mettaient chacun toute leur force pour faire plier l'autre. Mais ce petit jeu ne menait nulle part. Ils reculèrent l'un par rapport à l'autre, mais le mercenaire, qui ne voulait pas perdre la main, utilisa toute la puissance de ses jambes pour rebondir sur sol et s'élancer une fois encore, avec, cette fois, l'élément de surprise de son côté.
Cette fois, il ne le louperait pas.
Il arriva sur son adversaire alors que celui-ci venait tout juste de retomber sur le sol. Il l'avait, enfin. Orio, prit de surprise eut à peine le temps de se protéger de son saï. Il avait bloqué la lame de l'épée entre la lame principale et l'une des deux cornes de son arme. Noctem fit glisser sa lame le long du saï, et ainsi dévia la posture de défense d'Orio. C'était le moment. Juste un coup et c'était fini. Il fallait faire vite. Il leva son épée de ses deux mains et la rabattit violemment sur son adversaire.
Il allait tuer.


Du sang.
Et une grande trace transversale rouge qui partait de l'épaule droite d'Orio au milieu de son torse.
Mais pas seulement. Une douleur vive dans la partie dorsale de sa cuisse gauche. Il mit un genou à Terre. Il n'arrivait plus à tenir debout. Il avait hésité au moment de tuer Orio. Il avait senti ses mains faiblir au moment de lui donner le coup fatal. Il aurait été mort autrement. Noctem regarda derrière lui, sa jambe criblée de petites aiguilles et, plus loin, Shino, haletant, le bras gauche tendu. Il était intervenu pour sauver son ami. Mais pourquoi avait-il autant de mal à bouger la jambe? Il ne sentait plus son manaa en dessous de sa cuisse. Le manaa était une unité vitale, sans elle, il ne pouvait plus se mouvoir.


L'effet allait se dissiper d'ici quelques minutes mais il ne récupérerait pas sa mobilité habituelle avant quelques heures. Orio avait un air fatigué, témoignât de sa large blessure. Il avait sa main sur sa blessure bien qu'elle ne couvrait qu'une petite partie de la cicatrice. Il n'arrivait plus à se tenir droit, il était courbé de douleur.


Noctem tourna la tête vers le troisième homme. Il ne bougeait pas. Il entendit un bruit métallique derrière lui, et, au moment où Shino s'apprêtait à attaquer, il fut stopper par son chef :



« Cet enflure ne m'a qu'effleurer, je vais quand même lui mettre sa pâtée! s'emporta Orio. »


«Nous, nous y attelons, Seth, dit Shino en se posant près du blessé. »


Shino passa le bras droit d'Orio sur ses épaules pour le soutenir et s'enfuit avec lui plus loin dans la forêt. Non, ils ne pouvaient pas partir. Il ne pouvait pas les laisser partir. Sans prêter attention au dénommé Seth, il suivit les deux fuyards dans les arbres avant de voir une masse noire arriver devant lui et de ressentir une violente douleur dans l'abdomen. Il avait chuté sur quelques mètres et s'était écrasé lourdement au sol, loin de son épée qui glissa quelques mètres plus loin.




Noctem ressentait toujours les effets des aiguilles, et même s'il avait récupéré sa motricité, il était lent et n'avait pas toute sa force. Elle était comme engourdie. Il était en train de ramper vers son épée, puis, quand il l'eut dans la main se releva difficilement. Le seul assassin restant l'observait attentivement, sans bouger. Il n'y avait plus d'échappatoire. Il ne pouvait pas fuir et il était impossible qu'il le batte. Il hésitait.
Qu'est-ce qui lui donneraient les meilleures chances?
Devait-il attaquer le premier?
Devait-il le laisser attaquer?
Plus le temps de réfléchir. Il fondit sur le gardien de l'ombre. Mais celui-ci était plus rapide et certainement plus fort que ses deux autres compagnons, et il échappa aisément à l'attaque de Noctem qui, de plus, était plus faible que les précédentes. Tournant sur place, il prit Noctem de revers et put facilement lui infliger un coup dans le dos avec le plat de sa lame. Le mercenaire tituba un peu. Il ne voyait pas son visage, pourtant il pouvait deviner un sourire derrière le masque du gardien. Il jouait avec lui, comme un prédateur jouait avec sa proie avant de la dévorer. Noctem lâcha un grognement. Il avait du mal à supporter d'être vu comme un vulgaire et faible herbivore. Il attaqua de nouveau vainement, avant que Seth ne frappe sa main, ce qui le fit lâcher son épée, puis ne tente de lui assener un coup de ninjato. Un coup classique que Noctem vit et évita facilement. Mais il n'évita pas le coup de poing qu'il reçut au niveau du diaphragme, ni coup de pied qui le projeta contre un arbre.


De la bile sortit de sa bouche. Il était désarmer et n'avait aucun moyen de se battre dans l'état où il était. Il était mort. Ou du moins, il le serait bientôt.




Il reprit sa lame en main correctement et s'avançait lentement vers Noctem. Que faire? Il allait mourir. Il ne pouvait rien y faire. Merde. Que faire? Xenos? Quelqu'un? N'importe qui! J'ai peur... Je ne veux pas mourir.. J'ai peur... Si peur...
Puis un bruit. Comme si l'on avait déchiré l'air. Puis un étranglement. Enfin quelque chose de chaud, d'humide sur son visage. Et une odeur âcre. Une odeur qu'il connaissait. Celle du sang. M'a-t-il tué? M'a-t-il blessé? Il n'avait pas mal. Non. Il n'était pas mort. Il ressentait ce qui l'entourait. Il rouvrit légèrement les yeux. Il ne pouvait faire que le sol et le corps du gardien qui gisait sur le sol dans une mare de sang. Un poignard était planté dans sa carotide. Qui?


Il entendit un bruit de saut, quelqu'un s'inquiète tombe sur le sol. C'était la fille qu'il avait vu précédemment. Elle venait de le sauver. Elle s'avançait tranquillement, presque joyeusement, vers le cadavre, et vint récupérer son poignard.




Noctem ne bougeait pas d'un pouce. La jeune femme le regarda dans ses yeux surpris.


«Tu te bats pas mal, mais le combat devenait un peu trop long à mon goût. »


Voyant l'air hébété du jeune homme, elle soupira et continua son monologue:



« Pourquoi est-ce que tu m'as sauvé, s'empressa de demander Noctem en se relevant, avant de
retomber sur les fesses de douleur. »


« Attend! l'interpela Noctem. »


Il se leva douloureusement et essaya de la suivre. Lorsqu'il fut sûr que la jeune fille pouvait l'entendre, il dit:


« Pourquoi des gardiens de l'ombre te recherchaient-ils? »


« Toi aussi tu détestes les gardes, n'est-ce pas? »


« Moi aussi je les combats! Je peux t'aider! »


« Je ne suis pas seul, nous sommes une coalition. »


« Qu'est-ce que tu y perdrais? Tu aurais un endroit où aller, de la nourriture, une deuxième
famille. Personne ne t'empêchera de tuer les gardiens. Au contraire! »


Elle s'était arrêtée. Noctem ne savait lequel des points entre la nourriture le logement ou le meurtre l'avait fait réagir, mais il avait obtenu son attention. Elle se retourna:



« Juste un peu de loyauté. »


Elle leva les yeux au ciel avec une expression blasée.



« Tu n'es pas obligé d'accepter une mission si elle ne te conviens pas. »



Elle avait cela nonchalamment, comme si tout cela était une plaisanterie, quelque chose de léger et d'insignifiant.


« Jharra. Il y a une taverne à Jharra. Si tu veux te faire engager, va là-bas n'importe quel soir
et je te présenterais à mon mentor pour qu'il t'engage. »






Voilà maintenant trois ans que Noctem avait présenté Junko, la jeune femme, à son général. Elle n'était alors âgée que de seize an, tout comme Noctem. Comme il l'avait imaginé, Junko s'était avérée être un très bon élément, digne de confiance. Jusqu'ici, ils s'étaient rencontrés à quelques reprises et s'étaient entraîner ensemble une ou deux fois. Noctem ne pouvait pas définir leur lien; ce n'était ni de l'amitié, ni de l'indifférence, juste une sorte de complicité au combat. Ils se espéraient en temps qu'adversaires et appréciaient un peu combat une fois de temps en temps. Noctem avait d'ailleurs bien progressé depuis ce temps-là. Il avait progressé à l'épée, au techniques à mains nues, avait développé un peu l'utilisation de son manaa, avait maîtrisé le pouvoir de Celeritate. Il avait tué aussi. Pas mal tué. Beaucoup tué. Pas seulement des gardiens, il avait aussi effectué des chasses de primes. Il était devenu un vrai mercenaire, et maintenant un vrai général.


Cette question avait tirée Noctem de ses songes. Que penser d'eux ? Il ne voulait pas se faire d'idées trop vite mais il pouvait donner un avis de première impression. De plus, c'était loin d'être une question stupide. Après tout, il ne savait que trop penser de ces deux-là.

« Le brownie n'a pas d'un véritable mercenaire, mais si Xenos vous a choisi tous les trois pour m'accompagner, c'est que vous êtes tous forts. Chacun à votre manière en tout cas. On m'a dit que c'était un voleur et passablement un escroc. Je ne pense pas que ses habilités au combat nous impressionneront mais ses autres compétences ne devraient pas être inutiles. Si nous nous faisons prendre dans une embuscade, il sera le mieux placé pour ramener le morceau de cristal à Vorn sans encombre. Quant à la fille, elle paraît forte. Il paraît même qu'elle s'est rapidement faite un nom au sein de la coalition. Ce qui m'inquiète le plus, c'est qu'elle soit chaotique. J'espère juste qu'elle n'en fera pas qu'à sa tête et qu'elle obéira aux ordres. Il faut que je puisse compter sur chacun de vous pour que le plan se déroule sans accro. »

Noctem soupira. C'était déjà un morceau de réunir autant de personnalités différentes dans un seul groupe et de faire fonctionner une mission.

« Cette mission promet d'être longue, tâchons de nous entraider le plus possible. Nous ne pouvons pas nous permettre de prendre des familiers transporteurs si nous voulons passer les postes de frontières des montagnes. »

Car c'était un grand hic de leur voyage. Les Montagnes du Nord étaient dangereuses entre les créatures monstrueuses et les clans sauvages qui n'hésitaient pas à tuer les intrus. Plusieurs Faerys n'en étaient jamais sortis. Les gardiens avaient donc organisé des pistes de frontières pour limiter les passages de Faerys. Seuls les autres gardiens ou les personnes ayant une habilitation spéciales pouvaient y accéder. Les terres sauvages allaient être vraiment hostiles. Avec les étendues désertiques et glaciales, il serait dur de trouver des endroits où dormir ou trouver de quoi manger.

« Les auberges seront rares, je ne saurais trop te conseiller de bien en profiter. Xenos connaît des gens dans les montagnes, peut-être qu'ils pourront nous aider, mais en dehors de ça, nous serons absolument seuls. Ce n'est pas vraiment la fille pour qui je crains mais le khajiit. Ils craignent le froid et celui-ci n'a pas l'air très disposé aux basses températures. Nous allons certainement perdre pas mal de temps avec lui, mais je ne peux pas le laisser de côté. Avec ce qui nous attend, nous n'avons pas le droit de nous fatiguer trop vite. »

Il ne restait plus qu'à espérer que tout se passerait bien, au moins pour ce premier jour.